On rappelle souvent que le terme photographie signifie étymologiquement : écrire avec la lumière. C’est vrai mais incomplet pour décrire ce qu’est la photographie en termes de pratique. Mon expérience de photographe me fait dire que pour faire une belle photo, il faut écrire avec la lumière mais il faut savoir la lire. Au dessinateur, on apprend à observer. C’est la même chose pour le photographe. Pour écrire, son outil n’est pas le crayon, mais l’appareil photo.
Les appareils photo modernes sont des concentrés de technologies : Capteur haute définition, montée dans les ISO, algorithmes de traitement d’images… Le matériel photo actuel, qui plus est celui de la gamme professionnelle, sont à la pointe de nombreux domaines d’expertise : optique, électronique, informatique, physique,… Vraiment, les appareils photo actuels sont très performants dans l’écriture de la lumière. Et les logiciels de traitement d’images que sont par exemple Lightroom et Photoshop complètent merveilleusement le tableau.
Un clic sur le déclencheur, un clic sur la souris. La photo est faite. C’est si simple! C’est d’ailleurs pour cela qu’un apprenti photographe se sentira souvent flatté par le rendu obtenu par son reflex nouvellement acquis. Ca a été mon cas, bien entendu!
C’est aussi, en partie, pour cela qu’il est tentant pour des futurs mariés de penser qu’une personne de leur entourage, amatrice de photographie et correctement équipée fera l’affaire pour photographier leur mariage. Mais disposer d’un tel matériel est vain si l’on ne sait pas lire la lumière! Tout comme le dessinateur ne fera rien du meilleur crayon s’il ne sait pas observer.
Le photographe sait lire la lumière. Et c’est pour cela que vous avez besoin de lui.
L’appareil photo est un instrument qui enseigne aux gens comment voir sans appareil photo. DOROTHEE LANGE
Avant d’être photographe, je ne connaissais rien à la lumière. Quand j’ai commencé à l’étudier, je fus fasciné par ce qu’elle avait à nous dire, par la diversité des aspects qu’elle pouvait prendre et par l’émotion qu’elle permettait de véhiculer. Ce n’est qu’en l’étudiant dans ses moindres détails que j’ai commencé à la comprendre et à l’observer quand je shootais. Avant cela, je n’avais aucune idée de ce que je faisais. Je la subissais. Elle me freinait et me brimait. Désormais, elle est mon alliée! Je le connais, je la dompte et je m’en sers!
Connaître la lumière, c’est aussi devenir libre. Cette liberté est un souffle qui me permet d’être plus audacieux et plus créatif sur vos reportages de mariage. Avant de shooter, je la décris mentalement dans ces 4 aspects fondamentaux et je choisis comment les exploiter pour servir mon reportage:
Avec la direction de la lumière, on peut mettre en valeur un sujet ou lui nuire! La direction détermine le modelé, le volume d’un objet, la texture d’une peau, le relief d’un paysage.
En reportage, contrairement à la photographie de studio, on ne contrôle pas la nature de la lumière. Elle s’impose à nous. Mais on peut choisir son point de vue, l’endroit ou l’on me place pour prendre la photo!
J’aime shooter à contre-jour par exemple, parce que j’aime ce rendu. D’une manière générale, j’essaie à chaque d’instinct d’identifier la lumière principale et de la placer dans un rayon de 180° à l’arrière de mon sujet.
Mais la réalité du terrain impose parfois ses conditions. Il m’arrive de devoir photographier une scène avec une lumière frontale, que je ne juge pas esthétique, parce qu’elle doit absolument être racontée.
C’est une affaire de compromis, entre l’esthétisme et la narration, entre la cohérence visuelle de mon reportage et l’histoire que je suis en train de raconter.
L’intensité de la lumière c’est sa force, sa puissance. Il s’agit d’une quantité mesurable. Elle se mesure en lux.
A titre d’exemple, un extérieur en plein soleil c’est jusqu’à 100000 lux. Un intérieur tamisé c’est 100 lux. Mille fois moins!
Pour ramener cet exemple à l’univers du mariage, c’est la différence qui existe entre l’intérieur d’une église et le parvis ensoleillé de celle-ci!
Ces écarts ont un impact considérable sur les contrastes et, en conséquence la meteo aussi! Un ciel nuageux et un soleil franc donnera deux rendus radicalement opposé. Et mon job de photographe, c’est de savoir réagir en fonction de chaque situation.
Chaque source émet avec une certaine température de couleur (°K) qui lui donne une couleur. L’atmosphère générale de l’image en sera fortement impactée.
Au coucher du soleil, la lumière est souvent orangée ou rosée, tonalité chaude, rassurante, enveloppantes à l’inverse des tonalités bleues froides lugubres.
Lorsqu’il y a une source incandescente (ampoule) et une lumière extérieure, on se retrouve avec des contrastes de couleur qu’on peut exploiter sur le plan esthétique.
La lumière prend la couleur de ce qu’elle traverse ou ce qu’elle touche. Ainsi, une séance de portraits de couple dans un environnement végétal lors d’une belle après-midi d’été risque de générer des teintes de peau peu avantageuses! Vous n’avez pas envie d’avoir le teint verdâtre, n’est-ce pas!?
Ce qui détermine la douceur ou la dureté de la lumière, c’est la transition entre l’ombre et la lumière. La lumière du soleil est très dure. Cela peut être assez rapidement disgracieux lorsque l’on fait du portrait. C’est pour cela que beaucoup de photographes de mariage ont tendance à éviter les séances de portraits de couple en pleine après-midi. J’ai tendance à faire de même.
Cependant, il n’existe pas de bonne ou de mauvaise lumière en tant que telle. L’important est ce qu’on en fait et comment on se sert. La lumière dure du soleil demande une plus grande précision dans le placement des sujets. Mais lorsque l’on a appris à la gérer, ce type de lumière devient un terrain de jeu à part entière, comme le montre le travail de l’excellent Victor Lax.
De la même manière, une lumière trop douce peut être plate et inintéressante. Ce fut le cas lors de la cérémonie hivernale d’Alexandra et Alban. Un ciel totalement blanc et une couverture enlevant tout modelé aux images et le rendu ne me semblait pas rendre justice à la beauté de ce moment.
J’ai donc décidé de placer deux flashs déportés face aux mariés afin de donner à la lumière une direction principale et donc, un peu plus de caractère.
Apres ce résumé sur les caractéristiques fondamentales, comprenez-vous mieux pourquoi la golden hour est si prisée? Couleurs chaudes, lumière rasante, contrastes atténués, intensité faible. La golden hour coche toutes cases! A tel point que certains photographes trouvent que c’est limite “trop fastoche”! Pour ma part, j’aime bien céder à cette facilité! On aime tous ça ma golden hour!
Afin de m’exercer, je m’amuse souvent, dans ma vie quotidienne à observer la lumière et à décortiquer ses 4 propriétés fondamentales de la lumière (intensité, orientation, couleur, dureté). Un peu comme un musicien qui s’amusait à faire une lecture de note en entendant un morceau de musique.
Répétez cet exercice me permet de repérer les schémas de lumière qui me plaisent et de chercher à les reproduire.
J’aime ainsi chercher une silhouette en contre-jour sur le mur d’un château enluminé. J’aime la lumière douce d’une fenêtre sur le visage de la mariée. J’aime jouer avec les rayons directs du soleil à l’intérieur d’une pièce. J’aime me placer face au soleil de fin d’après-midi quand il d’après-midi traverse les branchages d’un arbre. J’aime surprendre les mariés en créant une ambiance lumineuse festive à l’aide de mes flashs déportés et des gélatines de couleurs que je place dessus.
Lors de votre mariage, des préparatifs du matin à l’ouverture du bal, de nombreuses situations de présenteront avec de nombreuses lumières, toutes différentes et toutes sources de créativité!
Je veux être à la hauteur de la beauté du monde.
On ne photographie jamais le réel mais une perception du réel.
On peut tout photographier si on le fait pour de bonnes raisons.
Il y a un alignement entre l’homme et le photographe que je suis.
Je ne veux jamais cesser d’apprendre.